ce lien étroit entre culture et nature constitue, on le sait, une caractéristique fondamentale de la plupart des civilisations traditionnelles et non européennes.
en revanche, le développement même de notre mode occidental de nationalité, technique et scientifique, s'est effectué largement sur un déni de cette interdépendance.
afin de maitriser la nature comme un objet extérieur à l'homme, notre civilisation a tenté, avec un succès certain, d'abolir médiation scientifique.
la puissance de notre science tient en effet largement au fait qu'elle traite la nature et les hommes comme des entités abstraites, remplaçables par des concepts, des nombres, voire des
algorithmes.
cette attitude, par-delà les découvertes qu'elle a rendues possibles, a aussi conduit notre science à des impasses dont la crise écologique de cette fin de siècle est le signe.
or le paysagiste occupe par rapport à ce débat une position ambivalente.
si la botanique a besoin de décrire et de nommer une plante, il est quant à lui à la recherche d'un lien différent et plus riche entre l'homme et le monde végétal.
le jardin doit être, pour le paysagiste, l'occasion d'une expérience qui manifeste que son objet ne se réduit pas à ce qu'en peut décrire le savoir botanique.
la plante en effet, par son appartenance à son sol, à une histoire et à une terre plus ou moins transformée par les hommes, engage le promeneur des jardins dans une expérience où se mèlent les
savoirs, la mémoire et toutes les déterminations historiques qui forment notre sensibilité.
c'est à partir de cette réalité complexe que travaille le paysagiste, et c'est elle qu'il met en scène.
le jardin planétaire - le colloque - gilles clément - claude eveno